Stress, bruit, alcool, tabac et rythmes décalés sont des problèmes fréquemment rencontrés par les employés de la restauration, propices au développement de maladies cardiovasculaires. Autant prendre les bonnes habitudes le plus tôt possible, dès l’apprentissage.
Les Hautes-Alpes sont le terrain d’expérimentation d’un travail de prévention des maladies cardiovasculaires auprès des apprentis du secteur de la restauration, mis en œuvre par le GEST 05 (service de santé au travail) et le Codes 05 (Comité départemental d’éducation pour la santé).
Projet issu d’un groupe de travail régional rassemblant le service régional de santé au travail, le Comité régional d’éducation pour la santé, l’Agence régionale de santé et la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi). Le groupe a imaginé des axes d’intervention auprès des salariés, des employeurs et des futurs professionnels.
« En proie à une organisation du travail spécifique, soumis au bruit et au stress, les professionnels du secteur de la restauration sont particulièrement concernés par les maladies cardiovasculaires, qui restent la première cause de mortalité dans le monde d’ailleurs », remarque Frédéric Ferrer, Infirmier au Gest 05.
« Dans ces professions, on note une consommation plus importante de substances psychoactives comme le tabac et l’alcool, des problèmes de sommeil et d’alimentation liés au rythme décalé et une exposition au bruit et au stress conséquente, soit un effet cumulatif », ajoute Alexandre Nozzi, directeur adjoint du Codes 05.
Les solutions émanent des apprentis eux-mêmes. Avec Nathalie Beil, infirmière au Codes, Frédéric Ferrer est intervenu au Centre de formation des apprentis et ce sera aussi le cas prochainement au lycée des métiers Sévigné, à Gap. Grâce au photo-langage qui illustre des situations du quotidien, les apprentis sont invités à échanger sur leurs connaissances en matière de maladies cardiovasculaires, sur les problèmes rencontrés sur le terrain et trouvent des solutions avec les professionnels de santé. Mettre des bouchons d’oreilles, s’isoler pour prendre sa pause et ses repas, mieux s’organiser avec ses collègues pour avoir le temps de manger tranquillement, prendre des repas à la fois équilibrés et pratiques constituent quelques réponses aux problématiques.
« Ces actions qu’ils peuvent mettre en oeuvre individuellement ne sont évidemment pas suffisantes. Il s’agit de sensibiliser les employeurs également, ce qui est difficile en ce moment, vu la fermeture des établissements », reconnaît Alexandre Nozzi.
« Etre trois ou six au service pour 120 couverts, ce n’est pas la même chose », corrobore Frédéric Ferrer.
Expérimentée sur l’année 2020-2021, l’action a été très bien accueillie et devrait être reconduite l’année prochaine dans les Hautes-Alpes et déployée sur l’ensemble de la région.
« Le CFA souhaiterait que l’on revienne chaque année à la rencontre de l’intégralité des promotions », confie M. Ferrer. « Les apprentis sont heureux de pouvoir s’exprimer, prendre du recul, déterminer les problématiques et trouver des solutions. Car nous ne sommes pas là pour dispenser un cours de deux heures ; les propositions émanent du groupe », insiste M. Nozzi. C’est aussi l’occasion pour ces futurs professionnels d’évoquer plus globalement les autres problèmes de santé au travail et de savoir qu’il existe des organismes tels que le Codes et le Gest 05 vers lesquels se tourner